« Le Protocole de Maputo met l’accent sur les Droits des femmes »
Madame Bakayoko-Ly Ramata a représenté la Côte d’Ivoire en décembre 2018 lors du 15ième anniversaire du Protocole de
Maputo à Addis-Abeba. Elle souhaite la ratification universelle des Etats africains et en profite pour rappeler ce qui se fait dans son pays en matière de protection des droits de la femme et de l’enfant.
Que représente le Protocole de Maputo pour vous 15 ans après son adoption ?
Je voudrais d’abord exprimer toute ma joie et ma fierté de représenter mon pays à la célébration de ce quinzième anniversaire de ce Protocole qui vient en complément à la Charte de l’Union africaine pour les Droits de l’Homme et des peuples qui a été adoptée en 1986. Le Protocole de Maputo met l’accent sur les Droits des femmes. Il a été adopté en 2003 pour permettre aux femmes de faire valoir leurs droits dans le développement de leurs pays respectifs. Ce Protocole insiste sur le respect des droits à l’éducation, à la santé, à l’autonomie etc par les Etats.
Combien de pays, en y incluant bien sûr le vôtre, ont-ils ratifié ce
Protocole à ce jour ?
41 pays ont, à ce jour, ratifié le Protocole de Maputo dont la Côte d’Ivoire en 2011. Cela a été précisé en 2012. Depuis l’indépendance, la Constitution de la Côte d’Ivoire consacre l’égalité homme-femme. Et la Constitution du 8 novembre 2016 a encore renforcé cette disposition. Afin que la femme puisse s’épanouir dans tous les domaines.
Quel est le but de la réunion à laquelle vous participez ?
Je vous disais tantôt que 41 pays ont ratifié ce Protocole et 14 autres ne l’ont pas encore fait. Il y a d’abord eu une première réunion des pays qui ne l’ont pas ratifié, afin de voir où se situent les contraintes et les lever pour qu’en 2020 tous les pays africains aient ratifié. Voilà un peu le but de cette réunion.
A part ce Protocole de Maputo, quelles sont les autres actions de votre pays pour l’épanouissement et les droits de la femme ?
Je pourrais parler de l’expérience de mon pays en la matière. La Côte d’Ivoire a ratifié plusieurs conventions relatives à l’élimination de toutes fortes de discriminations touchant les femmes. Nous avons ratifié le Protocole de Beijing en 1995. Concernant le Protocole de Maputo, nous avons la Résolution 1325 « Femmes, Paix et Sécurité » qui a été mise en œuvre par la Côte d’Ivoire. Vous avez des actions comme l’ouverture de l’Ecole de Gendarmerie aux femmes ; l’ouverture de l’Ecole Militaire Préparatoire Technique aux femmes également depuis 2015. Et 2014, notre pays a mis en œuvre une Stratégie nationale sur la lutte contre les violences basées sur le Genre. Nous avons également 57 plateformes sur l’ensemble du territoire pour lutter contre les violences basées sur le genre. Nous avons formé 110 leaders communautaires pour sensibiliser et lutter contre les violences basées sur le genre. Toutes ces actions qui ne sont pas exhaustives ont permis à la Côte d’Ivoire d’être admise comme membre non permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont elle a assuré la présidence l’année dernière. Au niveau de l’éducation, nous avons une Loi qui rend l’école obligatoire de 6 à 16 ans pour permettre l’égalité des chances à tous les enfants. Nous avons quasiment la parité entre les jeunes filles et les jeunes garçons. Nous sommes à 48% de jeunes filles scolarisées au cycle primaire. Au niveau de la santé, nous avons la gratuité ciblée et la prise en charge de la femme enceinte, des soins pour les très jeunes enfants. Depuis 2012, la Côte d’Ivoire a adopté une Loi sur la cogestion du foyer et des ménages. L’homme n’est plus le seul chef unique de la famille. La femme l’est aussi. C’est une grande avancée.
Au niveau de l’Organisation internationale du Travail, la Côte d’Ivoire a adopté 32 des 34 instruments. Et l’un des points les plus importants mis en œuvre en Côte d’Ivoire est le point qui stipule qu’à travail égal, salaire égal. Nous avons également le Fonds appui aux femmes de Côte d’Ivoire mis en place par la Première Dame. Il est de 10 milliards et permet d’autonomiser plus de 200 milles femmes. Nous avons aussi un Fonds dans notre ministère qui contribue à l’autonomisation de la Femme. Le gouvernement vient de créer au sein de notre ministère une direction de l’entreprenariat féminin.
Toutefois, des défis restent à relever notamment la participation des femmes dans les assemblées de prises de décision. Une loi est en cours d’adoption pour augmenter le taux de participation des femmes dans les assemblées élues.